fougère

Au Bazis en cette fin d’été, je vais re-venir travailler fougère, avec Eric Yvelin et mon fils Gaston. Nous allons faire fougère. Une danse seule. Je ne travaille qu’in situ, de façon empirique. Avant le travail sur place il n’y a donc que la préparation. Je vais travailler avec ma famille car il me semble qu’il faut être ensemble pour fougère. Ensemble pour parler tissu, sémiologie, chasse, domestication, surréel, dinosaure, textile, fougère… Découvrir notre âge, entendre les sons disloqués dans nos têtes, écouter la musique.

fougère est une forme de film, une anti-matière dansée, une danse seule, une musique sans fin, une collaboration entre Audrey, Eric, Gaston et les autres. Un nom de famille. La fougère est une plante, pré-historique, elle a traversé le temps de l’Histoire. Elle a été ruminée par des animaux disparus, fait ce voyage sacré qu’est émigrer, elle tapisse les forêts du monde depuis 400 millions d’années. Sa forme est extra-ordinaire, sa feuille comporte des éléments en forme de flèche, comme si la plante désignait par son dessin les trajets qu’elle induit, comme si elle montrait l’espace qu’elle va prendre en se développant, voilà la danse qu’elle propose. Si on regarde de près une fougère, on voit des dizaines de fougères accrochées. La mise en abîme va loin : on peut regarder mille fougères dans une fougère. Cette plante est l’assemblage méticuleux de la division de sa forme, elle-même divisée. Elle transporte des générations simples d’éléments égaux plus petits qui composent finalement son poumon, c’est ainsi qu’elle respire.